28/03/2012

Je te pardonne



Il est des blessures qui nous gardent captifs de notre passé. 

Une injure, un coup ou un ricanement dans notre enfance, peu importe, en nous, tout est imprimé.
Mais le plus violent fut le cyclone émotionnel qui s'en est suivi.

Nous avons alors décidé de les mettre dans un coffre et de les enterrer dans le sable. 
Pour oublier. Pour refouler. Pour survivre.

Mais, sans nous en rendre compte, nous avons quitté cette plage avec un petit caillou dans notre chaussure.
Ce petit caillou que nous traînons depuis longtemps. Il ne nous empêche pas de marcher sur le chemin tortueux de notre vie mais il se fait sentir. Un petit peu.

J'ai malheureusement fait l'expérience de ce petit caillou qui me rappelle toujours cette phrase lancée avec calme et mépris: "j'aurais dû t'avorter!". Quelques mots. Un poignard acéré.
J'ai traîné longtemps cette colère enfouie, j'ai prétendu l'ignorer. 

Petit à petit, la marée creuse le bord et le coffre finit par sortir du sable.

Il m'a fallu du temps pour enfin pouvoir formuler ces peurs, ces craintes, cette colère qui m'empêchaient de me projeter dans le rôle de mère. 
A cet âge où l'on se demande si on va pouvoir être une bonne mère, j'étais taraudée par la foule de questions que renferme ce coffre: "Et si elle l'avait vraiment fait? Et si je n'étais qu'une erreur? Et si j'avais gâché sa vie? Comment être une bonne mère si je ne peux pas m'appuyer sur l'expérience de la mienne?"

Loin de moi l'idée de m'ériger en psychologue de bas étage mais, ce petit caillou, je vais devoir m'en débarrasser à notre prochaine rencontre.
Pour mon équilibre de femme et de future mère, j'ai besoin de me libérer de ce poids et lui dire:
"je te pardonne." 

Oui je lui pardonne parce que j'ai fait la paix dans mon coeur. 
Je lui pardonne parce que malgré tout, elle m'a donné la vie.
Je lui pardonne parce que je ne veux pas la condamner jusqu'à la fin de sa vie.
Je lui pardonne parce que je veux ôter cette culpabilité qui doit la ronger à chaque fois qu'elle me regarde.
Je lui pardonne parce que je ne dois pas vivre dans le passé. 
Je lui pardonne parce que je dois avancer. Libre.

L.


26/03/2012

Ils étaient deux...

J'ai écrit le post précédent sous l'emprise de la colère, des sanglots réprimés plein la gorge.


Ma journée s'est mal terminée comme prévue lorsqu'on commence du mauvais pied. Je suis encore un peu remontée mais j'aborde peu à peu le virage de la résignation. Une scène a contribué à me remettre du plomb dans la cervelle. 

Métro Champs Elysées ligne 13. 
Je descends les escaliers en me demandant si je vais bien pouvoir monter dans cette rame de métro que j'entends arriver. 
Au bas de l'escalier, un homme avec un petit écriteau. D'une écriture bien soignée, il a écrit: "J'ai faim."

Au départ je ne prête pas attention en me disant: "Un SDF de plus!".
Mais quelque chose m'interpelle: il y a une femme avec lui. Elle est placée de biais, sans doute pour dissimuler son visage et elle lui serre le bras. 
Je regarde l'homme et je vois qu'il est jeune (30 ans?) et habillé proprement. Nos regards se croisent et je lis la honte dans le sien. La honte qui oppresse ces 2 personnes jetées dans la rue par l'incapacité de subvenir à leurs besoins. Je ne peux imaginer ce que l'on ressent quand on est jeune et qu'on n'a plus d'autre solution que de tendre une main et tenir un écriteau de l'autre. Perdre sa dignité.

Ma première réaction est de détourner le regard, par pudeur. A leur place, je n'aurais pas aimé qu'on me fixe du regard au plus profond de ma déchéance sociale. 
A cet instant, je n'ai pas envie ou la force de faire le procès du système qui broie tous ceux qui n'ont pas pu grimper les échelons de la justice sociale. Je n'ai pas envie de me demander si ces 2 personnes ne voulaient pas simplement profiter de la charité pour avoir de l'argent facile. 
Non. A cet instant, je vois leurs regards, je vois leur peine, je vois l'incertitude, je vois tout cela et je me demande: "qui sont ces 2 personnes? Quelle est leur histoire? Quel drame les a conduit jusqu'à cette station de métro?" 

Je ne sais pas très bien ce que j'ai ressenti parce que, n'ayant jamais été dans leur situation, je ne peux pas les comprendre vraiment. J'ai vu ces jeunes et je n'ai pas pu m'empêcher de les imaginer au même endroit, dans quelques années, plus vieux, plus sales... J'ai vite chassé cette image de mon esprit. 
Littéralement émue de compassion, je vais vers eux, je glisse un billet de 5€ dans leur bol et je pose ma main sur l'épaule de la jeune femme. Je ne dis rien. Ils me remercient et je me retourne pour partir. 
Cet oppressant sentiment d'impuissance qui persiste parce qu'il n'y a pas de quoi se vanter dans ce genre de situation. 

Eh oui quand je suis rentrée j'ai encore pesté contre ce fichu sac perdu. Mais je me suis souvenue de leurs regards et le calme s'est fait peu à peu dans mon coeur. 
J'ai fermé les yeux et je L'ai remercié de ce que je ne manque de rien aujourd'hui. Je L'ai remercié de ce que j'ai un toit sur ma tête et de la nourriture. Je L'ai remercié de ce que j'ai tout ce dont j'ai vraiment besoin.

L'Homme est profondément égoïste, ce n'est une nouvelle pour personne. Dans notre quête du bonheur matériel, nous en oublions un peu nos semblables, l'organe de la compassion complètement cautérisé. Certes, nous ne pouvons pas porter les fardeaux du monde entier mais nous pouvons faire un geste pour apporter un peu de soleil, même furtif, à ces personnes qui souffrent autour de nous. 

N'oublions pas d'être reconnaissants à chaque fois que nous nous levons le matin et que nous n'avons pas à lutter physiquement et moralement pour survivre jusqu'au jour suivant.

L.

Perdre la tête.

J'écris pour me défouler.


Eh bien l'objet de mon coup de gueule n'est pas la campagne électorale en France qui va se perdre du côté des boucheries Halal. 
Mon coup de gueule n'est pas contre les malheurs d'un monde visiblement en détresse. 
Non non! Mon coup de gueule est contre MOI. 




Je suis ce que l'on peut appeler une Étourdie chronique


Enfant, je tombais tout le temps et n'importe où, ce qui m'a valu de bien belles hontes. 


Adulte, je suis plutôt du genre à perdre mes affaires avec en option, de parfaits trous de mémoire. Je peux me réveiller en sueur à 3h du matin parce que je me suis soudain demandée en plein rêve si j'ai bien posté le mois précédent ma déclaration d'impôts sur le revenus.


Aujourd'hui, c'est mon petit sac Lancel en toile et mon appareil photo numérique que je ne retrouve plus. J'ai déménagé et je ne me rappelle même pas avec exactitude la dernière fois que je les ai vus. Voilà! Juste comme ça! Et Oui, j'ai cherché partout et j'ai demandé à toute âme bienveillante de me contacter, au cas où... mais je n'y crois pas trop au final.


Mon humeur du jour? Je suis en auto-flagellation et auto-condamnation. 


L.