Une injure, un coup ou un ricanement dans notre enfance, peu importe, en nous, tout est imprimé.
Mais le plus violent fut le cyclone émotionnel qui s'en est suivi.
Nous avons alors décidé de les mettre dans un coffre et de les enterrer dans le sable.
Pour oublier. Pour refouler. Pour survivre.
Mais, sans nous en rendre compte, nous avons quitté cette plage avec un petit caillou dans notre chaussure.
Ce petit caillou que nous traînons depuis longtemps. Il ne nous empêche pas de marcher sur le chemin tortueux de notre vie mais il se fait sentir. Un petit peu.
J'ai malheureusement fait l'expérience de ce petit caillou qui me rappelle toujours cette phrase lancée avec calme et mépris: "j'aurais dû t'avorter!". Quelques mots. Un poignard acéré.
J'ai traîné longtemps cette colère enfouie, j'ai prétendu l'ignorer.
Petit à petit, la marée creuse le bord et le coffre finit par sortir du sable.
Il m'a fallu du temps pour enfin pouvoir formuler ces peurs, ces craintes, cette colère qui m'empêchaient de me projeter dans le rôle de mère.
A cet âge où l'on se demande si on va pouvoir être une bonne mère, j'étais taraudée par la foule de questions que renferme ce coffre: "Et si elle l'avait vraiment fait? Et si je n'étais qu'une erreur? Et si j'avais gâché sa vie? Comment être une bonne mère si je ne peux pas m'appuyer sur l'expérience de la mienne?"
Loin de moi l'idée de m'ériger en psychologue de bas étage mais, ce petit caillou, je vais devoir m'en débarrasser à notre prochaine rencontre.
Pour mon équilibre de femme et de future mère, j'ai besoin de me libérer de ce poids et lui dire:
"je te pardonne."
"je te pardonne."
Oui je lui pardonne parce que j'ai fait la paix dans mon coeur.
Je lui pardonne parce que malgré tout, elle m'a donné la vie.
Je lui pardonne parce que je ne veux pas la condamner jusqu'à la fin de sa vie.
Je lui pardonne parce que je veux ôter cette culpabilité qui doit la ronger à chaque fois qu'elle me regarde.
Je lui pardonne parce que je ne dois pas vivre dans le passé.
Je lui pardonne parce que je dois avancer. Libre.
L.
Ton témoignage m'a beaucoup émue. Je ne suis pas moi-même maman mais je suppose que cela doit être très difficile de se construire en tant que femme (et future mère probablement) lorsque sa maman dit une telle chose.
RépondreSupprimerBravo pour ton billet en tout cas.
C'est un billet tres emouvant et tres beau.....je ne peux qu'imaginer le poids de tels mots dans la vie d'une femme, d'une future maman.
RépondreSupprimerLe pardon est tres liberateur, mais jamais simple a mettre en pratique.Merci.
Comme je me reconnais dans tes mots, comme ils me touchent, comme ils me parlent.
RépondreSupprimerComme je t'admire d'avoir pardonné...
Comme ce billet est inspirant...
Merci pour ce partage, il est très beau.
J'ai toujours l'impression que tes articles sont "trop court" ( ceci est un compliment). J'ai bcp aimé celui ci, je pense qu'on a tous effectivement des choses à "pardonner" à nos parents, des mots durs, des non dits douloureux qui au final vous poursuivent si nous poursuivent si on ne pardonnent pas.
RépondreSupprimerTrès beau, très juste ce que tu as écris.