31/05/2020
Le jour où elle est partie...
Je suis en train de lire le recueil de nouvelles "Demain, je m'en vais, je meurs" de Muetse-Destinée Mboga et par le hasard de la vie, je suis sur la dernière nouvelle où l'autrice raconte le décès de son père. Je lis cette nouvelle alors que je vis cette période très particulière où je pense très fort à ma défunte grand-mère.
Ambiance musicale pour lire ce billet: "Lovin' Me" - Jonathan McReynolds
Ma grand-mère Madeleine Ada Eyi est partie le 31/05/2017.
Ma tante m'a envoyé un message whatsapp à 20h16
"Bonsoir,
Mémé est en train de partir doucement.
Les yeux se sont fermés.
Elle ne parle plus. La bouche s'est refermée.
C'est une question de jours"
A 23h19, le dernier message est tombé comme un couperet:
"Elle vient de décéder."
Le cancer du col de l'utérus l'a emportée après un long combat jusqu'aux derniers instants.
Les jours qui ont suivi, j'ai occupé mon esprit à m'organiser pour pouvoir faire le voyage en urgence pour le Gabon, à Libreville puis Oyem où on devait l'enterrer.
Quand je suis sortie de la dernière agence de voyage m'annonçant que je ne pourrais pas trouver de vol, je me suis effondrée. J'étais dans le quartier très animé de Châtelet à Paris.
J'ai marché longtemps cherchant un coin de parc un peu à l'écart, je me suis assise sur un banc public et j'ai pleuré.
J'ai pleuré ma Mémère comme je l'appelais.
J'ai pleuré de ne pas avoir pu lui serrer la main dans les derniers instants.
J'ai surtout pleuré de tout mon cœur parce que je ne pourrais pas l'accompagner dans sa dernière demeure alors qu'elle a tenu ma main toute ma vie, moi sa première petite-fille.
Je suis passée par toutes les étapes du deuil dont on parle souvent: Choc et déni, Douleur et culpabilité, Colère, Marchandage, Dépression, Reconstruction et Acceptation.
Mais ce qu'on ne te dit pas, c'est que le processus des étapes du deuil ne se fait pas dans un ordre linéaire. Chaque souvenir de l'être cher te catapulte sur l'une ou l'autre des étapes de manière aléatoire toute ta vie.
En parlant de souvenir, je pense qu'il est important, d'avoir une photo de l'être cher décédé.
Je n'ai pas de photo de Mémère.
Elle n'aimait pas les photos, par pudeur peut-être. La dernière fois que je l'ai vue en 2016, je n'ai pas pris de photo d'elle. Je m'en veux tellement.
J'ai demandé à ma mère, mes tantes et mon oncle de m'en envoyer une parce que, avec le temps qui passe, son visage devient de plus en plus flou dans ma mémoire. Je ne sais pas comment l'expliquer: je me rappelle de son visage dans l'ensemble mais pas des détails précis alors que j'en ai besoin. L'actrice Cicely Tyson me fait beaucoup penser à elle d'ailleurs.
Aujourd'hui je ne suis pas triste.
A défaut d'avoir une photo de ma Mémère, je veux me souvenir de toutes les leçons de vie qu'elle m'a données. Je sais qu'elle m'aimait profondément. Elle a toujours pris mon parti quand j'ai eu le plus besoin de soutien. La femme déterminée et indépendante que je suis aujourd'hui lui doit beaucoup.
Assurément, je parlerai à mes enfants de cette femme si inspirante qui s'est battue toute sa vie avec courage et dignité...
Merci Mémère...
L.
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Vibrantes lignes qui m’ont renvoyé vers le deuil de mon Papa depuis 1997. Je dis depuis car cette histoire de « faire le deuil » signifierait qu’à un moment on cesse d’avoir mal?
RépondreSupprimerTa relation avec ta grand-mère me rappelle celle que j’ai avec la mienne. Première petite fille aussi.
Je pense qu'on ne cesse jamais d'avoir mal, on fait avec et le quotidien vient détourner un peu notre attention
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